12 mars 2011

Une quête de la perfection : « Black Swan »

Jeudi soir j’ai enfin découvert « Black Swan », film sur lequel il y a déjà eu plusieurs billets intéressants sur divers blogs.

Jeune danseuse étoile et talentueuse du ballet de New York, Nina obtient le rôle-titre du célèbre « Lac des cygnes », une version que le chorégraphe, Thomas (interprété par Vincent Cassel), veut schizophrène, le cygne blanc et le cygne noir devant être interprété par la même danseuse.

C’est ce thème de la schizophrénie qu’explore Darren Aronofsky. Cette jeune Nina que la mère surprotectrice traite comme une enfant, a des fissures et semble peu sûre d’elle. La quête de perfection liée à ce grand rôle va la précipiter dans une folie à la fois destructrice et créatrice qui ne cessera de se refléter dans les miroirs qui se briseront à mesure que la violence de Nina s’accentuera! La schizophrénie est pourtant loin d’être l’unique dimension de « Black Swan ».

C’est aussi une exploration des étapes de la féminité sous toutes ses formes : le rapport souvent difficile mère- fille, la rivalité féminine autour d’un homme ou d’une reconnaissance professionnelle , la découverte de la sexualité, la découverte de l’ambivalence. Et puis il y a la dimension chère à Aronofsky, qui m’a mise très mal à l’aise (outre l’escalade de la folie de Nina, entre réalité et hallucinations), de l'altération et la mutilation physique… J’ai réalisé après coup que c’était le réalisateur de « Requiem for a dream », film atroce… tout s’est expliqué! Quant au manichéisme clairement affiché dès le début, Nina toujours en blanc quant sa « rivale »sensuelle et sa mère portent du noir, il se nourrit de la confusion des rôles qui culmine à la fin, avec des touches de rouge très évocatrices et symboliques.

Le dernier tiers du film a été une expérience éprouvante car cette histoire dramatique de la quête de la perfection et du dépassement de soi, tout en essayant de réconcilier ses deux facettes, est devenue de plus en plus violente, forte et confinant à l’horreur!

Malgré tout ce film est une exploration intéressante mais dérangeante d’une jeunesse soumise à diverses pressions : celle des parents, celle qu’ils s’imposent à eux-mêmes (par fidélité à leurs parents), la pression de la société quant à la jeunesse, le succès et le mirage de la perfection dans le non respect de soi-même…

Pour une analyse poussée sur le thème du baroque et des miroirs, sujet qui m’intéresse beaucoup, je vous recommande le billet de Céline et B. que j’ai beaucoup apprécié, dans son ensemble et son analyse très poussée.

Ce film est apparemment l’adaptation d’un roman, d’Andres Heinz mais je n’ai pu trouver sa trace…

19 commentaires:

  1. J'ai trouvé ce film vraiment très éprouvant et anxiogène mais paradoxalement j'ai bien aimé.

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  2. Fleur > je dois dire que pour moi l'aspect éprouvant et anxiogène dépasse, écrase l'appréciation...

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  3. s'il y a un roman a l'origine du film j'aimerais bien le lire

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  4. Alinea > Apparemment cela se passe dans le monde du théâtre. Mais en cherchant je n 'ai rien trouvé... si quelqu'un a la référence du roman merci de nous faire partager :)

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  5. théoriquement je vais le voir aujourd'hui....j'ai hâte

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  6. Je n'ai toujours pas vu ce film. J'ai vraiment hate que le DVD sorte ou que par miracle le film soit au cinéma près de chez moi.

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  7. Mimi > j'espère que tu aimeras

    Hidile > bienvenue sur mon Cannelier :)Il sort en DVD en juin!

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  8. Ah? De mon côté j'ai ADORE ce film et sa complexité. Mais ton analyse est convaincante.

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  9. C.l!ne > ah mais j'ai apprécié sa complexité aussi!

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  10. Très belle analyse, tout est parfaitement juste. J'aurais aimé penser ça du film, pourtant je ne l'ai pas trop aimé. D'ailleurs les Oscars ont récompensé la seule chose que j'ai aimé dans ce film : Natalie Portman, impressionnante de maîtrise et de génie. Le reste, mouais... En fait je n'ai pas trouvé cette paranoïa/schizophrénie crédible, et le personnage de Nina (un peu "chouineuse/fausse rebelle" sur les bords) m'a agacée.
    Je déteste ne pas aimer un film que tout le monde a acclamé, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose de pas normal chez moi ^^

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  11. Marion > ah mais non, surtout ne pense pas cela! Moi aussi ça m'arrive d'être à contre-courant et c'est bien que tu te fasses ton propre avis... comme je disais souvent plus jeune "ce n'est pas forcément l'avis du plus grand nombre qui est le bon"...
    Et puis en l'occurence il n' y a pas de bon ou de mauvais, c'est ta perception propre et elle est aussi légitime que celle d'autres spectateurs de ce film!

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  12. comme toi j'ai ete derangee par tout le cote mutilation.
    j'ai parle de ce film fort et source d'angoisse dans mon blog mais je n'ai pas voulu pousser trop loin l'analyse ..cela dit je rejoins tout à fait toute cette symbolique que tu decris.le sang,rite de passage de l'enfant à la jeune fille puis à la femme et donc à la sexualite toujours plus presente.Comme dans les contes(la Belle au bois dormant ,la quenouille et le sang qui perle;Blanche neige la pomme rouge ,ses levres rouges etc...)
    pour le roman,pas moyen de mettre la main dessus...

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  13. Pyrausta > bienvenue chez moi :)
    Je suis allée lire ton billet, ton analyse est intéressante. En effet, comme tu le dis si bien la symbolique du sang est très ancrée dans les contes. Quant au roman c'est étrange je trouve...

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  14. un film qui m'a laissé froide, mais que j'ai quand même bien aimé. c'est terrible l'histoire de cette jeune danseuse.

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  15. Nous avons beaucoup aimé, même si j'ai eu du mal à supporter la mère, et qu'au moment où les plumes sortaient, je me suis dit que c'était too much, du grand n'importe quoi...

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  16. Choupynette > oui, c'est terrible :/

    Liliba > oui, ça va loin! (et bienvenue chez moi :D)

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  17. C'est certain que c'est un film que je verrai, ne serait-ce que pour la danse... mais j'ai limite un peu peur de trouver ça super dur, comme film. Je suis dans un état où j'ai besoin de doudous, je pense!

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  18. Un film qui me touche personnellement, dont je voudrais parler mais il est parfois préférable de se préserver.
    J'ai aimé et même si too much, la crédibilité est là, c'est certain !
    (difficile de vouloir parler et de se censurer.)

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  19. Karine > oui, c'est dur... je suis comme toi, j'ai besoin de douceur ^^

    Mélo > pourquoi, tu as été danseuse?

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