Brynhildur est une femme en tout début de cinquantaine qui vient passer quelques jours à Paris, seule. Paris, le « lieu du souvenir » (p.11), la ville où elle a passé quelques années à étudier à la Sorbonne, sa ville de cœur.
C’est le cas de le dire puisque c’est en ce lieu qu’elle vit, à cinquante ans, une passion brève mais intense avec le très plaisant Tahar mais aussi là qu’elle a rencontré un homme (son professeur de grec) qui l’a marqué à vie, un amour de jeune fille, jeune femme, un amour secret qui devient obsession. Un amour ni vraiment partagé ni concrétisé. Bref, un amour qui l’a hantée toute sa vie d’adulte. Enfin, c’est aussi à Paris que son amour pour son futur mari naît et se concrétise. Trois hommes, chacun sa partie de ce roman.
Une histoire dramatique pour Bárdur, le mari de la narratrice. Il l’aime, c’est un homme attentionné et qui comprend très bien le cœur de sa femme. Pourtant, « là où le bât blesse, c’est que je ne suis jamais tout à fait présente à moi-même, et encore moins lui. » (p.114) En fait elle a comme étalonné sa vie en fonction de du professeur de grec qu’elle a cristallisé pendant plus de vingt ans :
… peu importait la douceur de bien des choses que j’allais connaître dans le vie, elles ne seraient vécues qu’à l’ombre de ce soir-là, pas à sa lumière, et c’est aussi le sort que partage mon mari… (p.74)
Et puis il y a un quatrième homme, en filigrane tout au long du roman : le père de la narratrice, poète comme l’auteur d’ailleurs et qui a transmis à sa fille l’amour de sa terre, de son île et de la Nature. Ce sont là, pour moi, les plus belles pages de ce roman.
En effet, les errances mentales de Brynhildur m’ont intéressées mais jusqu’à un certain point. Plus j’en apprenais sur son mari et sa vie en Islande et moins j’ai compris… pourquoi cette insatisfaction, ce blocage alors que son mari et ses filles semblent si merveilleux et qu’elle a étudié ce dont elle avait le plus envie?
Donc, ainsi que je l'écrivais plus haut, les vingt dernières pages sont les plus belles, celles où la narratrice évoquent deux hommes très semblables, son mari et son père, deux amoureux de la Terre, l’Islande, la Nature. Deux hommes qu’elle admire, qui la passionnent et qui m’ont touchée :
Encore aujourd’hui, Bárdur me donne les dernières nouvelles en provenance des entrailles de la terre et des histoires en formation des sols à n’en plus finir. Rien ne me fascine autant que la roche. J’entrerais tout droit au cœur d’une falaise, si elle daignait s’ouvrir. (p. 105)
Mais aussi, en parlant de son mari et de son père :
Mes compagnons de voyage étaient si bien charpentés qu’il s’en fallait de peu que le pays lui-même ne pâlît autour d’eux. L’enfant septuagénaire de la nature, mon papa, préfère encore aujourd’hui dormir à la belle étoile plutôt que dans un refuge. Les vents peuvent souffler sur Thormódur l’homme des fjords de l’ouest, ils sont toujours du bon côté. (p.107)
Un roman sur le chagrin d’amour, thème qui semble également intéresser l’auteur dans d’autres écrits, sur le temps qui passe en laissant des souvenirs prégnants mais, surtout, une déclaration d’amour aux racines d’une femme qui s’est perdue et essaie de se retrouver en terre étrangère.
Une lecture dont les dernières pages sur la Nature et des êtres passionnées m’ont donné envie d’essayer d’autres œuvres de Steinunn Sigurdardóttir.
Un roman dont j’ai entendu parler chez Stephie. Et un grand merci à Chloé des éditions Héloïse d’Ormesson pour m’avoir permis de le découvrir!
Cent portes battant aux quatre vents – Steinunn Sigurdardóttir
éditions Héloïse d'Ormesson – 124 pages - mars 2011
Je suis contente que tu aies passé un bon moment ;-)
RépondreSupprimerStephie > oui, un bon moment mais quand même un peu mitigé... disons que la partie islandaise m'a finalement plus attirée que les errances d'une Islandaise à Paris en quête de son passé et ses souvenirs.
RépondreSupprimerJe ne suis pas tellement attirée, je dois le dire. Je n'y sens pas trop de profondeur.
RépondreSupprimerUn auteur dont on commence à parler un peu sur les blogs (différents titres)
RépondreSupprimerManu > en effet, une lecture juste plaisante mais il y a eu plus de force et de profondeur quand elle évoque la nature et son père!
RépondreSupprimerKeisha > je ne connaissais pas! Par contre j'ai lu qu'un de ses romans a déjà été adapté au cinéma avec, entre autres, Emmanuelle Béart!
Je l'avais noté chez Stephie aussi. Bon, avec vos deux avis, je m'attendrai à une lecture plaisante mais pas nécessairement marquante. Et s'il sort en poche ;)
RépondreSupprimerKarine > oui voilà c'est ça :) Mais tout de même plaisante!
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