20 mars 2013

« Sorry, Haters » – Jeff Stanzler (2005)

Une claque. Voilà ce que fut hier soir le visionnage de ce film dont je ne savais rien excepté les deux minutes que j’en avais vus, il y a quelques jours, sur Sundance Channel France.

J’ai voulu voir ce film en raison du résumé succinct et mystérieux aperçu et sur la foi de la présence, en tant qu’actrice principale, de Robin Wright (Penn à l’époque) qui est un gage de qualité à elle toute seule. Sauf que cette actrice m’a habituée à des rôles de femmes au prise avec l’amour, parfois perdu ou malheureux, mais une femme qui aime, qui donne malgré tout (She’s so lovely, The Playboys, Les vies privées de Pippa Lee…). Dans Sorry, Haters, rien de tout cela.

Robin Wright y interprète Philly/Phoebe, une femme mal dans sa peau au début du film, pour ne pas dire plus que perturbée à la lumière des événements qui suivent, malheureuse, mal-aimée (et ne s’aimant pas) et glaçante. Elle rencontre, un soir, un chauffeur de taxi syrien, Ashade (interprété par Abdellatif Kechiche, que je ne connaissais pas jusqu’alors mais qui joue à merveille, avec sensibilité) dont le frère est second tier suspect dans les attentats du 11 septembre et qui a donc été extradé par les États-Unis en Syrie, où il risque la torture voire la mort.

Elle lui raconte ses succès professionnels, son mariage détruit par une professeur de mandarin qui lui a volé son mari et sa fille. Lui parle de son diplôme de chimiste, de sa foi. Ils sympathisent. Elle lui propose son aide pour faire libérer son frère, en faisant jouer ses relations, notamment un grand avocat. Et puis elle lui fait une étrange proposition…

Sans pouvoir en dire plus, sous peine d’en dire trop, je peux néanmoins partager le malaise ressenti devant ce film en trois temps : la première partie que je viens de vous relater, une révélation glaçante au milieu du film puis une dernière partie menant à une fin inattendue, choquante, qui remue et attriste.

Malaise face à la haine et le manque de respect subis au début du film par Ashade, à la banque et face à un agent de police lui donnant une contravention.

Malaise face à l’injustice paranoïde du FBI et du gouvernement américain qui emprisonne des personnes liées, si l’on peut dire, à un degré si infime à des individus ayant participé aux attentats que c’en est arbitraire et terrifiant.

Malaise face à la perception incroyablement inédite qu’ une personne a du 11 septembre.

Malaise de ces personnages (jusqu’au concept de l’émission qui donne son nom au film) qui luttent intérieurement, essaient en tout cas, contre leurs envies, leur haine, leur violence, leur jalousie quitte à se punir eux-mêmes.

Malaise face à un film dont les deux dernières scènes sont d’une violence aussi inouïe qu’inattendue, face à ces questions qui restent sans réponse et qui peuvent affaiblir ou renforcer cette œuvre, selon la perspective que l’on adopte.

Sorry, Haters est un film que j’ai trouvé dérangeant mais ancré dans une violence quotidienne, insidueuse, qui sonne si juste que c’en est encore plus violent. Je ne saurais même dire si je l’ai aimé mais la question n’est peut-être pas là car, outre ses acteurs à l’interprétation si juste, il a réussi à me faire réagir, à me chambouler, à m’habiter depuis hier soir. Un long-métrage qui fait un tel effet est un film à voir !

6 commentaires:

  1. Je n'en ai pas entendu parler mais si tu dis qu'il est violent ou "malaisé", je ne sais pas si je dois le voir !!! :) J'aime bien aussi l'ex Mme Sean Penn...

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    1. Il s'agit d'une violence subtile, par touches... je te conseille malgré tout d'essayer...

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  2. Jamais entendu parler de ce film (et je crois même n'avoir jamais vu de film avec Robin Wright) mais ça a l'air de valoir le détour! Je vais faire une telle razzia de livres et de DVD en rentrant, un vrai massacre...! :)

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  3. Tu me donnes très envie de le découvrir !

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