30 novembre 2010

« La dame en blanc » – Wilkie Collins

61pzxt1DZqL._SL500_AA300_.gif Enfin j’ai découvert Wilkie Collins, cet auteur dont je n’ai rencontré le nom que récemment dans les commentaires passionnés de bloggeuses, avant que je ne débute ce blog. J’avais été surprise de ne jamais avoir entendu parler de cet auteur au cours de mes explorations dans les livres et autres encyclopédies, de ma scolarité où la langue et la culture anglaises avaient une place importante, ni même  à l’université!

Bref, il me fallait très vite découvrir cet auteur considéré comme le père du roman policier moderne et de l’angoisse. C’est désormais chose faite grâce au récit d’une rencontre (inspiré par une aventure vécue par Collins lui-même). Une nuit, aux abords de Londres, Walter Hartright croise et aide une jeune femme entièrement vêtue de blanc, échappée d’un asile d’aliénés.

Puis le jeune héros part pour Limmeridge House, que la jeune dame en blanc connaît elle aussi, dans un autre comté d’Angleterre, pour être le professeur de dessin de deux sœurs, Laura et Marian. En fait elles sont demi-sœurs et très différentes mais s’aiment si profondément qu’elles sont réellement l’une envers l’autre comme des sœurs. Laura ressemble étrangement à la dame en blanc à laquelle Walter n’aura de cesse de penser à mesure que, grâce à Marian, il découvrira des éléments troublants. Et ces informations mystérieuses ne seront qu’un début…

Le mystère s’insinue dès la fin du troisième chapitre dans lequel il s’amorce pour s’établir pleinement dans les pages suivantes. Un peu plus loin encore c’est le mot « mystère » qui est clairement exprimé, à plusieurs reprises,  par Marian Halcombe. Plus le lecteur tourne les pages plus il pénètre dans l’épaisseur non pas du mystère mais des mystères. Collins sait distiller l’angoisse comme dans cette scène nocturne :

On n’entendait que les frissons des arbres nains balayant les tombes ainsi que les gémissements du ruisseau coulant sur son lit de pierres. Lugubre tableau dans une heure sinistre! Mon cœur battait bien fort tandis que je comptais les minutes. (p.85)

Outre cet aspect crucial Collins nous décrit une histoire d’amour assez classique, lors du premier récit, avec deux jeunes adultes transportés par leurs émotions, souffrants ou résignés.

Quoique je souffrisse intensément de la fin misérable de mon amour présomptueux, mon angoisse  quant au malheur que je sentais planer sur nos têtes me bouleversait encore davantage. (p.72)

Laura et Walter semblent parfois des figures victoriennes un peu trop classiques, la jeune fille belle et douce et son amoureux transi prêt à tout pour elle. Ils sont néanmoins attachants malgré une résignation un peu agaçante.

La richesse tient surtout dans l’inventivité du mystère et de la machination. J’ai été vraiment happée par ce récit à plusieurs voix constitué d’extraits de journaux intimes, de témoignages et de lettres. Encore une trouvaille ingénieuse de l’auteur qui permet ainsi de tisser la toile du suspense… un procédé efficace! De plus cela nous rapproche des personnages-témoins dont nous connaissons les pensées et les sentiments.

Outre le mystère et la forme du récit, ce sont justement ces personnages que l’on pourrait juger « secondaires » qui contribuent à la qualité de ce roman. Marian Halcombe est une femme admirable : courageuse, intelligente, sincère, indépendante! Quant à Mr Fairlie, un monstre d’égoïsme et d’hypocondrie comme je n’en ai jamais vu ; il est vraiment insupportable et détestable. Enfin le comte Fosco, un homme incroyable. Cultivé, imbu de lui-même, manipulateur et sournois, le parfait « méchant », bien plus que sir Percival à qui est promise Laura.

Enfin j’ai aimé que Collins dénonce à plusieurs reprises le carcan rigide qu’est le mariage pour les femmes dans l’Angleterre victorienne.

Les  hommes! Mais ce sont les ennemis de notre innocence et de notre paix, ils nous accaparent corps et âme et pour nous donner quoi en retour? (p. 147)

Or, cela ne peut être si ma femme est témoin en même temps que moi, parce qu’elle et moi n’avons qu’une seule et même opinion, qui est mon opinion. (p.180)

Je n’ai pas aimé Braddon dont j’ai trouvé la réputation surfaite. En ce qui concerne celle de Wilkie Collins elle est, à mon avis, loin d’être usurpée! Plusieurs fois je me suis dit que ce Collins était décidément très fort! Un mot dans le sable, le rôle funeste que joue une femme adorable à son insu, le jeu des apparences… Collins est maître dans ce genre littéraire et c’est avec plaisir que je lirai les deux autres romans de mon premier tome des intégrales de Wilkie Collins.

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coup de coeur

37 commentaires:

  1. Il est dans ma PAL, il va falloir que je le fasse remonter.

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  2. Ton billet fait remonter des souvenirs de ma lecture, tu me donnes envie de le relire, mais est-ce bien raisonnable ??? dire que tu en as encore plein de Wilkie Collins à lire après celui-ci !

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  3. Aifelle > oui fais-le remonter! Je te conseillerais même de le lire pendant les vacances de Noël si tu as des vacances car je ne sais pas pourquoi mais c'est le genre de livres que je lirais bien à cette période... ceci me donne une idée de lecture pour fin décembre du coup ^^

    George > qui a dit que nous, amoureuses des livres, étions raisonnables? ;p Si tu veux le relire ne t'en prive pas et ce quelle que soit la hauteur de ta PAL! Et oui je suis encore dans la phase de l'heureuse découverte que nous chérissons par la suite avec nostalgie...

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  4. Nous ne sommes pas raisonnables... Une grosse arrivée de livres ce matin, comme si j'en avais besoin...

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  5. Et bien si tu n'en as pas besoin, tu peux toujours me les envoyer! ^^ lol

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  6. Ca me rappelle pas mal de souvenirs à moi aussi ! C'est vrai que le personnage de Marian avait vraiment toute ma sympathie ! Je n'en revenais pas qu'on puisse la laisser passer au second plan. Une femme pareille !!

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  7. C'est noté, merci pour ta participation. J'espère pouvoir lire bientôt ce livre :-)

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  8. Et bien, je le découvrirai moi aussi avec grand plaisir. C'est le genre de lecture qui m'émoustille. Biz

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  9. Vilvirt > ravie que toi aussi tu l'aies tant appréciée! :)

    AzArleL > oui, il faut le lire!

    Syl. > j'ai hâte que tu le lises :)

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  10. J'avais aimé ce roman moi aussi :-) Mais que cette Laura est cruche !

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  11. Cruche c'est un peu méchant! ^^'

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  12. c'est vrai qu'il est fort collins ;)

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  13. Oui, la plus intelligente et la moins belle aura un sort différent..;
    Continue avec Collins!

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  14. Niki > on est bien d'accord! ;D

    Keisha > j'y compte bien! ^^

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  15. un billet qui donne envie ! merci pour ta participation :-)

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  16. J'ai lu récemment un autre roman de wilkie et je suis sous le charme de tous les romans que j'ai llu de cet auteur... Il me tarde de découvrir cette dame en blanc... je l'ai depuis un an sur ma PAL...
    J'aime l'ère victorienne et ses secrets machiavélique et bien sûr l'écriture, non dénuée d'humour de Wilkie !!!!!

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  17. Anne Sophie > de rien :)

    Maggie > tu aimeras alors :)

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  18. En voilà un qui me tente beaucoup depuis quelques temps... Ma pauvre LAL (elle monte, elle monte !!!)
    Bonne journée

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  19. Lor > alors n'attend plus! :) Quant à ta PAL je suis sûre qu'elle est heureuse de croître ;)

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  20. Moi non plus je ne connais pas Wilkie Collins, mais ton billet me donne fort envie de le découvrir!... Ta façon d'écrire sur ta lecture est vraiment très agréable et rends l'envie encore plus forte... Merci.

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  21. Merci Evilysangel pour ce compliment qui me touche! J'espère lire bientôt des billets collinsiens sur ton blog ;)

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  22. je viens de le lire aussi j'ai beaucoup aimé.

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  23. Bienvenue ici Alinea :) Je vois que nous sommes nombreuses à apprécier les mystères de Wilkie Collins!

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  24. Il est dans ma PAL, j'ai donc lu ton billet en diagonale pour ne pas découvrir trop l'intrigue !!! En tout cas, je sens qu'il va bientôt atterrir entre mes mains...!

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  25. Alfie > oui tu as eu raison pour la lecture en diagonale ;) J'ai hâte de découvrir ton billet!

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  26. Il est dans ma PAL. Tu me donnes bien envie de l'en sortir :)

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  27. Un très beau compliment, merci! :)

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  28. Le comte Fosco est un vrai méchant... c'est mon plus fort souvenir de cette lecture.

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  29. Coucou, moi aussi je découvre cet auteur, par des billets pour le moment et ses romans ont l'air géniaux!!

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  30. La dame en blanc est le premier que j'ai lu de lui et il est resté mon préféré . C'est vrai que Wilkie Collins dénonce les lois du mariage qui font de la femme une éternelle mineure dépendant de son mari; Lire "Mari et femme"

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  31. Claudialucia > justement "Mari et femme" est le prochain dans ce premier tome des intégrales de Collins :)

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  32. Il fait partie de ma PAL, je n'ai encore jamais lu de Wilkie Collins mais je pense que celui-ci va me plaire. En tout cas ce que tu en dis me conforte dans mon idée !

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  33. Fleur > j'espère vraiment qu'il te plaira!

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  34. je l'ai lu il y a peu de temps et j'ai bien aimé aussi.

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  35. Alinea > Encore une! Décidément nous sommes beaucoup à l'aimer!

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