Une fois n’est pas coutume, un film est venu au secours d’un livre. En effet, j’ai commencé cette lecture à une période où j’étais très fatiguée et avec un petit moral. J’avais, pour cette raison je pense, du mal à entrer dans les toutes premières pages de ce roman. Heureusement, en relisant la quatrième de couverture, j’ai découvert qu’une adaptation avait été faite de ce roman, avec Michael Douglas dans le rôle du personnage principal. Et donc, le soir même, j’ai regardé le premier quart du film. Cette petite demi-heure, drôle à souhait, a suffi à relancer ma lecture! Moi qui préfère lire avant de voir, pour la première fois j’ai dérogé à ce principe coutumier et je ne le regrette pas!
Des garçons épatants est le titre du nouveau roman écrit par Grady Tripp, un auteur, professeur de littérature à l’université, qui essaie tant bien que mal d’achever ce roman commencé six ans plus tôt. En effet son ami et éditeur, Teddy Crabtree, vient lui rendre visite à l’occasion d’un festival littéraire organisé par l’université mais aussi pour récupérer le fameux manuscrit. Malheureusement Crabtree ne pouvait plus mal tomber car Tripp, l’auteur d’un seul succès, fumeur de joints invétéré effrayé par un réel engagement connaît une série de complications : sa femme le quitte, sa maîtresse lui annonce qu’elle est enceinte de lui, l’étudiante qu’il loge et qui lui plaît est attirée par lui et un de ses étudiants, James Leer, semble être très fragile. Pendant deux journées ces personnages vont se croiser et ces fils complexes s’emmêler pour mieux se dénouer!
Alors malgré ce début difficile dont je vous parlais, je me suis ensuite régalée avec cette histoire à la fois très sérieuse, parfois triste mais en même temps très drôle et décalée, comme j’aime! Déjà, la mise en abîme concernant le titre m’a plue même si en français il manque un niveau de plus car « wonder boys » peut être traduit par « des garçons épatants » mais c’est aussi le nom des héros du roman de Tripp, les frères Wonder donc les « wonder boys »! Peut-être que d’avoir les acteurs en tête a contribué à ce que j’aime le roman mais l’écriture de Chabon est impressionnante, passant subtilement du loufoque à la poésie puis à l’émotion… mais c’est l’humour, si particulier ici, qui prime et dont je me suis délectée.
Ainsi, par exemple, le roman que Tripp traîne derrière lui comporte « cinq versions différentes du chapitre final (…) les douze dernières pages n’existaient pas. En fait elles étaient soixante, toutes plus brutales et violentes les unes que les autres. »(pp.30-31) Mais, surtout, ce pavé de 10 kilos « lui a fait plier le poignet. Quand le manuscrit s’est abattu sur ses genoux, il a fait un bruit de pastèque. » (p.453)
J’ai encore bien ri quand, à propos de James Leer, Tripp pense :
Il sentait le métro, l’abribus, une odeur de désastre si prononcée qu’il suffisait de traîner dans les parages pour contracter le virus du manque de bol. (p. 79)
Mais il y a encore bien d’autres passages qui m’ont fait sourire et rire, entre autres, Vernon avec sa choucroute sur la tête sautant sur le capot de Tripp, un moment incroyablement drôle!
L’épisode de la veille me revint. J’ai fermé les yeux, le temps d’apercevoir une ombre qui dansait dans le faisceau de lumière traversé par la pluie, avant d’effectuer un bond puis de s’abattre sur mon pare-brise. Il y avait eu un bruit assourdi comme celui d’une timbale.
— Il a dû faire ça avec son cul, a observé James.
— Oui, c’est vrai, ai-je répondu, mais comment le sais-tu?
— On distingue très bien la forme d’un cul, a-t-il dit en fourrant son sac à dos dans la voiture. (p.225)
Michael Chabon distille quelques moments de poésie (« j’ai suivi Sara et l’étincelante perle de protéines logée dans les plis secrets de son ventre… » p.73) mais aussi des plus tristes, notamment quand James Leer se dévalorise, quand on le sent confus ou quand Grady Tripp fait l’amer constat de sa vie :
Je me suis retrouvé seul. J’avais tout perdu. Mon roman, mon éditeur, ma femme, ma maîtresse ; l’admiration de mes meilleurs élèves et le fruit des dix dernières années de ma vie. Je n’avais ni famille, ni amis, ni voiture, et sans doute après ces deux jours allais-je perdre aussi mon boulot. (p.515)
Des garçons épatants est un roman sur la vie, tout simplement ; l’existence avec ses errements, ses choix, ses drames mais avec une touche d’humour décalé tantôt cynique tantôt hilarant qui évite de tomber dans le déprimant. Un subtil dosage en somme qui offre une lecture très agréable en compagnie de ces hommes (Grady, Teddy et James) non pas épatants mais, dans leurs défauts, émouvants.
Merci à pour sa patience et aux éditions Robert Laffont pour ce partenariat qui me permet de commencer à honorer le challenge
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En ce qui concerne le film terminé pendant que j’avais repris ma lecture, je l’ai adoré. Le film, qui respecte très bien l’esprit du livre (hormis une sous-intrigue supprimée), réussit à retranscrire l’humour du roman. Le genre de film à l’humour décalé donc qui me remonte le moral, me fait rire sur le coup mais encore bien des jours après! ^^ Il suffit que je pense à Vernon, à l’ « amie » de Crabtree ou à celui-ci au volant d’une R5 pour être sûre de me mettre à rire ou pour faire rire M. Sabbio qui l’a regardé avec moi.
Les acteurs sont tous très bien dans leurs rôles : Michael Douglas anti-sexy dans son peignoir rose mais finalement attachant, Robert Downey Jr. égal à lui-même est un Crabtree plus vrai que nature, miss Katie Holmes à son époque «actrice potable» (pas comme maintenant) colle bien au personnage de Hannah, ce cher Tobey Maguire (bien avant « Spiderman » dans un rôle proche de celui qu’il incarnait dans « Ice Storm » - un autre film que j’aime vraiment beaucoup et que je vous conseille!) est parfait. Quant à Frances McDormand, y a-t-il un film où je n’apprécie pas son jeu, sa présence incroyable, son talent? Bref un film que je recommande chaudement pour les soirs à petit moral!
Des garçons épatants – Michael Chabon
Éditions Robert Laffont, collection pavillons poche – 552 pages – paru le 15/11/2010
C'est une bonne nouvelle, on peut apprécier un livre en ayant pourtant beaucoup de mal à y entrer dans un premier temps.
RépondreSupprimerJe note le titre, je ne savais pas que Wonderboys était une adaptation de livre en fait. Je n'en ai vu qu'un extrait il y a quelques années.
J'en étais la première surprise ^^
RépondreSupprimerahhhh ! Ce n'est pas vrai !!! Je ne savais pas que les garçons épatants étaient l'original de l'adaptation de Wonder boys : c'est mon film préféré, je l'ai vu fois et j'arrive encore à rire même si je connais le film par coeur... J'aime l'extrvagance de tous ces personnages... Je vais être obligée d'acheter ce livre !!!!
RépondreSupprimerMaggie > enfin quelqu'un qui aime! Il semblerait que le livre et le film plaisent peu dans notre blogosphère... je me sentais un peu seule ^^' Comme toi, qu'est-ce que je ris en pensant à Vernon, au moment où il tape le numéro de la page de son livre sur la machine, au chien et tant d'autres choses ;)
RépondreSupprimerJe partage à peu de choses près ton avis, surtout sur le film (Robert Downey Jr et Tobey McGuire sont deux acteurs que j'aime vraiment beaucoup), mais je n'ai pas réussi à m'enthousiasmer totalement pour le roman, qui souffre de longueurs à mes yeux. C'est mon deuxième Chabon, me reste à lire Les aventures de Cavalier & Klay pour me faire une opinion définitive !
RépondreSupprimerFolfaerie > moi aussi pour Robert Downey Jr. depuis toujours ^^ (enfin depuis que je l'ai découvert lors e la sortie en salle de "Chaplin")
RépondreSupprimerJe suis contente que tu aies autant apprécié le film que moi! :)
Trop de longueurs à mon goût et un roman qui s'essoufle...
RépondreSupprimerJe ne savais pas que "Wonder Boys" était tiré d'un livre. J'adore ce film découvert par hasard sur Canal plus, il y a quelques temps maintenant. Un film déjanté qui m'enchante à chaque fois.
RépondreSupprimerIl faudrait d'ailleurs que je trouve le DVD car ma cassette vidéo commence à rendre l'âme. Je l'avais enregistré lors d'un second passage sur Canal plus et je l'ai regardé tellement de fois que la bande commence à s'user.
Clara > oui, je me souviens de ton billet...
RépondreSupprimerWill > oui, c'est exactement ça, un film (livre) déjanté! ^^
Tu as éveillé mon intérêt pour le film, moins pour le livre.
RépondreSupprimerManu > alors regarde-le sans tarder! ^^
RépondreSupprimerJe l'ai vu hier à la librarie et je crois qu'avec cet avis favorable et ces citations qui m'ont drôlement fait sourire (c'est rare) je vais l'acheter dés que je repartirai à la librarie. Merci pour la découverte.
RépondreSupprimerHidile > je suis contente de t'avoir donné envie de le lire!
RépondreSupprimerUn film absolument génial que je recommande moi aussi chaudement pour le moral ^^
RépondreSupprimermerci car je suis comme vous je n'arrive pas à entrer dans ce livre et donc je vais rechercher le film
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