Le fameux mythe de Faust : un homme pactise avec le diable et est damné pour l’éternité. Un mythe souvent connu pour l’œuvre de Goethe et toutes les références culturelles présentes dans la littérature et le cinéma qui en découlent. Mais avant Goethe il y eût Marlowe (1564-1593)!
Donc Faust, savant, homme de sciences et de connaissances, professeur d’université allemand aimerait dépasser les limites des connaissances et pouvoirs humains, méprise les matières classiques pour la magie et, pour cela, signe un pacte avec Lucifer par l’intermédiaire de Méphistophélès, un de ses démons. Et le voilà en route pour vingt-quatre ans de pouvoir sans limite, de succès et de connaissances.
Une pièce fondatrice d’un grand mythe mais pourtant inégale! J’ai en effet beaucoup aimé le prologue à l’ancienne, avec un chœur qu’on imagine aisément dans une représentation théâtrale. De plus ce chœur pose clairement les enjeux de la pièce : Faust souhaite s’élever au-dessus de la condition humaine et, tel Icare avant lui, il chutera :
Till, swoll’n with cunning of a self-conceit,His waxen wings did mount above his reach,And, melting, heavens conspired his overthrow.(v.20-22)Tant et si bien que, gonflé d’orgueil et de science,Il s’élève trop haut sur des ailes de cire,Que le ciel va faire fondre pour entraîner sa chute ;
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé cette dimension mythologique que l’on retrouve à plusieurs reprises (Icare, Diane, Jupiter, Hélène de Troie…) et qui côtoie la religion ; une subtile association très intéressante.
J’ai tout autant apprécié la scène de la « signature » du contrat ainsi que la scène 4 de l’Acte IV et, enfin le dernier acte, bien entendu, celui intense et profond de Faust payant son dû à Lucifer.
Les interventions du bon ange et mauvais ange (celui-ci flattant sa vanité), très « moralement correctes », montrent l’ambivalence tragique de Faust qui signe ce contrat sans vraiment croire à l’Enfer (« I think hell’s a fable », v.129 et « Why, dost thou think that Faustus shall be damned? » v.131) puis qui, à plusieurs reprises, essaie de revenir sur cette signature, en vain tant il est séduit par les plaisirs et le pouvoir terrestres ou est tenté par les démons.
Pourtant, hors de tous ces passages et scènes, il y a comme des intermèdes bouffes qui m’ont déroutés et ennuyés. Cependant on arrive bien vite à la chute de celui qui disait dans la toute première scène qu’il serait un demi-dieu ; la fin est violente : il perd la tête (littéralement) puis une jambe mais c’est surtout au moment d’honorer son contrat que Faust panique devant l’issue fatale, la damnation éternelle :
but now I must die eternally (…)(Acte V, sc. 2, v. 29)maintenant je dois mourir d’une mort éternelle (…)But mine must live still to be plagued in hell.Curst be the parents that engendered me!No, Faustus, curse thyself. Curse Lucifer,That hath deprived thee of the joys of heaven.The clock strikes twelve(Acte V, scène 2, v.181-185)
La mienne ne doit vivre que les tortures de l’Enfer.Maudits soient les parents qui m’ont donné la vie!Non, Faust, maudis-toi toi-même. Maudis LuciferQui t’a privé du ciel et de toutes ses joies.L’horloge sonne douze coups
Malgré des longueurs et une lecture mitigée, je reste très contente d’avoir enfin lu une des versions de ce mythe si important qui a inspiré bon nombres d’œuvres de tout genre par la suite, notamment Le portrait de Dorian Gray de Wilde.
Une avec Cryssilda, Céline, Isil, Emma, Lou, Martial, Stéphie, The Bursar, Isleene, Fashion, Titine et Yueyin.
Doctor Faustus – Christopher Marlowe
éditions GF Flammarion – 297 pages -1997
On a un peu les mêmes impresseions on dirait! C'est vrai qu'il y a des longueurs dans le texte mais je pense que sur scène ça va très bien passer... car dans les passages un peu longs, c'est là qu'il y a de la farce et ça doit plutôt être visuel... enfin j'espère:-) Merci pour ta participation !
RépondreSupprimerça fait très envie... j'ai lu celui de Goethe une paire de fois, mais le XVIe siècle me tente bien. Et, si je puis me permettre, tu pourrais inscrire Faust dans ton challenge Mythes et légendes, non ? Même s'il n'est pas très ancien, il m'a tout l'air d'en être digne...
RépondreSupprimerJ'ai eu la même impression. C'est très bon mais il y a des longueurs. Comme Cryssilda,je pense que les moments de farce passeront mieux sur scène.
RépondreSupprimerMerci pour ta participation assidue :-)
Effectivement nous avons eu le même ressenti sur cette pièce, les passages les plus intéressants sont ceux avec Faust et Méphisto. Et encore je n'ai pas lu la version de 1616 où se trouvent encore plus de scènes de divertissement ! En 1604, Faust gardait encore toute son intégrité physique !
RépondreSupprimerCryssilda > oui j'ai l'impression que la majorité d'entre nous a eu cette impression! Mais comme tu dis une pièce est faite pour être jouée.
RépondreSupprimerNathalie > je ne sais pas car Céline a participé à la LC et, elle-même, ne l'a pas mise dans son propre challenge. De plus je pense que son challenge concerne les mythes antiques. Toutefois je lui demanderai...
Isil > de rien, c'était avec plaisir! :)
Titine > tu as de la chance, tu as évité de sursauter d'effroi ;p
J'ai beaucoup aimé cette pièce aussi, malgré ses faiblesses que tu as relevée. C'est passionnant de voir la naissance d'un mythe !
RépondreSupprimerCéline > oui, c'est fascinant :)
RépondreSupprimerHii great reading your post
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