«Le Bon Gros Géant» – Roald Dahl

 

Je suis une mère indigne! Je prends parfois dans la chambre de ma fille de quoi alimenter ma PAL... indigne je vous dis!

Le Bon Gros Géant fait partie de ces emprunts coupables et je ne le regrette pas! L'histoire d'une petite orpheline qui est emmenée, en pleine nuit, au pays des géants par une immense silhouette... pas de doute nous sommes bien dans l'univers de Roald Dahl!

Dans ce roman, dédié à sa fille morte à l'âge de sept ans, cet auteur si imaginatif nous livre encore une fois un merveilleux mélange de fantaisie (comme seul Dahl sait la créer), de beaux sentiments (il s'agit d'une œuvre à partir de 8-9 ans) et de critique! En effet, comme dans les œuvres philosophiques des Lumières (telles Les Lettres Persanes ou Candide), grâce au regard objectif et étranger du BGG (oui oui c'est le petit nom du héros) sur nous autres, "hommes de terre", Roald Dahl porte à l'attention des enfants, à plusieurs occasions, les incohérences et les travers des êtres humains :

(…)Les hommes de terre s'entre-tuent beaucoup plus vite que les géants ne les dévorent.
—Mais les gens ne se mangent pas les uns les autres, fit observer Sophie.
—Les géants non plus ne se mangent pas entre eux, répliqua le BGG, et en plus, les géants ne se tuent pas les uns les autres. (...) De même les croque-l'Odile ne tuent pas d'autres croque-l'Odile. Et les chats ne tuent pas d'autres chats.
—Ils tuent des souris, fit remarquer Sophie.
—Oui, mais ils ne tuent pas leurs congénères. L' homme de terre est le seul être qui tue son semblable (...) et ils montent dans des aéropalmes pour lancer des bombes sur la tête des autres. Et ils font ça chaque  semaine. Les hommes de terre tuent sans arrêt d'autres hommes de terre. (p.94)

Outre ce point sérieux la fantaisie apparaît surtout dans les créations de Dahl : le BGG est un souffleur de rêves et ce géant s'exprime avec un langage original des plus savoureux ("trodu-bohu", "C'est répugnable!", "Sa Majestueuse").

Il m'a été difficile de résister au bon cœur du BGG, à l'esprit de la petite Sophie (héroïne typiquement "dahlienne" qui me rappelle un peu Matilda) et bien sûr aux illustrations de Quentin Blake, indissociables de l'univers de Roald Dahl. D'ailleurs quand l'auteur évoque la Reine d'Angleterre, très gentille d'ailleurs, pour plus de vraisemblance Blake lui donne bien les traits d'Elisabeth II, détail amusant.

Quant à la toute fin, malgré un procédé narratif déjà vu, les dernières lignes n'en sont pas moins géniales! Mais pour vous en rendre compte il vous faudra le lire!

Une lecture rafraîchissante et très agréable dans un univers que je compte bien continuer à explorer d'autant que j'aime partager des lectures avec ma fille.