15 mai 2011

« The burning plain » – Guillermo Arriaga

Ainsi que je vous le disais dans mon billet d’hier, peu avant de terminer le recueil de nouvelles de Guillermo Arriaga j’en ai lu la quatrième de couverture. Outre son rôle de scénariste pour des films que j’ai beaucoup aimés (dont trois réalisés par le très bon Alejandro González Iñárritu), j’ai aussi appris qu’el señor Arriaga avait réalisé son premier film! Le jour où j’ai terminé son recueil fut donc également celui où j’ai découvert sa première réalisation cinématographique!

Une caravane en flamme au milieu du désert du Nouveau-Mexique. Deux amants, Gina (Kim Basinger) et Nick  (Joaquim de Almeida) s’y trouvaient et meurent, brûlés. Mais c’est aussi le récit de deux adolescents, Mariana (Jennifer Lawrence) et Santiago (Danny Pino) qui essaient de panser leurs  plaies émotionnelles ensemble, malgré leur famille. Une petite fille, Maria (Tessa Ia) et son oncle (José María Yazpik), à la recherche de sa mère. Et l’énigmatique Sylvia (Charlize Theron), prisonnière de son passé et de sa souffrance dans le froid et humide État de l’Oregon. Ces différents personnages, ces femmes surtout, distantes de plusieurs années, sont mues par une même énergie, un même besoin de liberté et de vérité.

Tout comme dans « Babel » et « 21 grammes », dont il a été le scénariste, Arriaga prend plaisir à plonger le spectateur de « The burning plain » (« Loin de la terre brûlée » en vf) dans des espaces et un temps différents grâce à une narration non linéaire et à des ambiances lumineuses et chromatiques bien distinctes.

Ainsi, le film s’ouvre sur la chaleur, la sécheresse du désert et de l’incendie et nous fait passer en moins d’une minute dans le bleuté froid d’une chambre d’hôtel de l’Oregon. Chaque ambiance reflète non seulement une période précise mais aussi les sentiments dominants.

En effet, il est question de sentiments ambivalents, forts, de souffrances, de repentir, de deuils et de pardon, tout cela guidé par le passé et les liens familiaux, ceux-là même qu’affectionne Guillermo Arriaga et que je mentionnais hier ; ces liens qui orientent voire dictent la vie des personnages. Surtout les femmes. Car pour une fois les femmes ont la première place chez Arriaga, perspective intéressante et riche pour les sujets qu’il aime explorer.

Il est également beaucoup question de blessures, de chairs meurtries, à l’image des âmes. Une thématique également très forte dans le recueil de nouvelles d’ailleurs et dans les autres films sur lequel il a travaillé précédemment. Bref, un thème important dans l’œuvre d’Arriaga qui en fait la manifestation visible par tous des troubles intérieurs des personnages qui, parfois, s’infligent volontairement ces blessures.

Ce film-choral, genre que j’affectionne beaucoup quand il est réussi (ah, ce cher Robert Altman!), trouve son apogée dans les dernières scènes, ultime collision entre les différentes époques, les différentes femmes de cette histoire qui entrevoient une issue positive à leurs déchirements.

Certes, il peut être reproché à l’auteur-cinéaste de rester dans une zone de confort narrative qu’il nous a déjà présentée dans les films cités plus hauts ou de nous présenter une histoire dont l’issue est finalement peu mystérieuse pourtant, la magie d’Arriaga opère, tant pour l’histoire, très touchante, horrible et belle à la fois, que par la beauté formel de ce long-métrage.

Enfin, tous les acteurs de ce film incarnent leur personnage à merveille,  certains même l’habitent entièrement, comme les deux jeunes filles : la petite Tessa Ia, pleine de souffrance et de manque contenus et la jeune Jennifer Lawrence ambivalente, intrigante presqu’inquiétante tout en arrivant à être touchante. Quant à Kim Basinger, toute en retenue, son jeu est sobre, le ton trouvé est justement dosé.

Je suis ravie d’avoir découvert le recueil de nouvelles et le premier long-métrage de Guillermo Arriaga. Son prochain projet est un film collectif, « Rio, Eu Te Amo » (« Rio, je t’aime ») pour lequel il va réaliser un court-métrage que j’espère bien voir dès que possible. De plus j’ai très envie de découvrir ses autres écrits et films adaptés de ses écrits ou de ses scénarii. Bref, un auteur qui m’a conquise!

Guillermo Arriaga

2 commentaires:

  1. Je l'ai vu et beaucoup aimé aussi.
    Le réalisateur y démontre qu'il n'y a pas besoin d'en faire des tonnes pour faire un film très fort...

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  2. Inganmic > exactement! Un film sobre.

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