4 février 2012

« Holy Smoke » – Jane Campion (1998)

Céline et moi continuons nos visionnages des œuvres de Jane Campion et avons décidé de vous parler aujourd’hui de Holy Smoke.

Ruth, jeune Australienne (interprétée par Kate Winslet, magnifique dans ce film, de sa beauté simple et naturelle), se rend en Inde et y a une révélation mystique et se retrouve sous l’influence d’un gourou, Baba. Sa famille, inquiète, la fait revenir en prétextant que son père est mourant et la laisse, pour quelques jours, avec , un «déprogrammateur » spirituel, P.J. Harvey (Harvey Keitel, que Campion retrouve après La Leçon de piano) qui a presque 100 % de succès.

Un programme très sensé, en plusieurs étapes. Le problème c’est que cette pratique est périlleuse, c’est pourquoi,habituellement, a quelqu’un qui l’assiste, au cas où il perde lui-même pied dans ce cheminement au cœur de l’esprit et de l’âme de ses patients.

Sauf que  là, P.J. se retrouve seul avec Ruth, dans une petite maison perdue au milieu du désert et que, très vite, au moment où Ruth est la plus vulnérable, le rapport de force entre ces deux êtres s’inverse, Ruth prenant le pouvoir sur un P.J. succombant passionnément à son attirance et son amour pour elle, au point de perdre la raison.

Comme à son habitue Jane Campion explore une étape–clé de la vie d’une femme forte, passionnée, qui a beaucoup d’énergie en elle mais qui ne sait encore à quoi la consacrer, qui, au fond, se cherche. À l’instar d’Ada, Ruth est en décalage avec son environnement social,en l’occurrence sa famille de middle-class australienne un brin vulgaire.

Les hommes sont tout d’abord montrés comme un frein à l’épanouissement de cette jeune femme, illustré par une scène pleine d’entrain dans laquelle Ruth chante à tue-tête sur Oughta know d’Alanis Morrissette dont le message est très clair : une femme en veut à un homme et le lui fait bien savoir, ne se laisse pas faire.

Mais, finalement, c’est grâce ou avec un homme que Ruth s’interroge et renaît à elle-même pour trouver sa voir qui la ramène, certes en Inde, mais de manière bien différente, toute personnelle cette fois.

La dénonciation des sectes n’a d’égal que celui de l’étau parfois écrasant de la cellule familiale : l’une comme l’autre, dans une société où les individus, déroutés, se cherchent plus en plus, parfois via le spirituel, n’est pas, selon Campion, la voie de l’épanouissement. La réponse est certes dans le spirituel, mais une spiritualité personnelle, inscrite dans un projet humaniste.

Ce film, je l’ai vu à deux reprises, à quelques jours d’intervalle, il y a quelques semaines. Certes, il est particulier et le propos peut sembler parfois survolé et à d’autres moments trop délirant mais j’ai apprécié ce nouveau portrait de femme et de retrouver Harvey Keitel dans un rôle passionné, encore une fois, bien que très très différent de celui de Baines, plus appréciable selon moi.

J’ai aussi beaucoup apprécié de trouver ma chère Pam Grier, que j’adore dans Jackie Brown (une autre femme forte!) et le lien unique qui  se crée entre Ruth et P.J. au-delà de l’attirance, de la sexualité, un lien profond,authentique, de deux êtres s’étant dévoilés plus que jamais à un autre être.

4 commentaires:

  1. Oh que j'aime ce film ! Toute cette émotion brute ! Les scènes hallucinées dans le désert sont tout simplement sublimes.
    Et Harvey Keitel, tellement épatant dans le revirement qu'il connaît : de l'homme sûr de lui et plein de morgue à l'individu face à ses doutes et à son coeur.
    Superbe !

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  2. Lili > oui Lili, j'ai oublié de parler de ces visions dans le désert, je les ai trouvées magnifiques!

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  3. J'aime beaucoup ton billet ! Je n'avais pas fait le lien entre l'enfermement du à la famille et celui causé par la secte, mais je le trouve très juste. Sa famille est épouvantable !

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  4. Céline > merci ma belle ^^ Sinon sa famille, oui, elle est horrible, elle me ferait presque faire des cauchemars!

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